MEDECINS D'AFRIQUE
ONG Internationale des Médecins et Acteurs de Santé pour la Promotion des Soins de Santé Primaires
Article Intervention


Vos compétences sont les atouts de l'Afrique pour son développement socio-sanitaire.
Les questions de santé se dressent avec plus d'acuité encore en Afrique. Les compétences existent à travers le réseau de médecins, pharmaciens, tradipraticiens et scientifiques africains. Il ne tient qu'à nous tous de les fédérer pour les mettre au service du développement socio-sanitaire.




NUTRITION ALIMENTATION
28.01.2015
RD Congo - Appui à la Réhabilitation Nutritionnelle au sein de la population des Zones de santé de Dilolo et Kasaji (Territoire de Dilolo, district de Lualaba et Province du Katanga), d’Août 2013 à Juillet 2014
Malgré sa classification de zones hors conflits sur le plan humanitaire, le territoire de Dilolo est resté marqué par des besoins spécifiques humanitaires liés à une augmentation des indicateurs de base alarmant sur la santé, la nutrition et la sécurité alimentaire. La situation socio-économique ne cesse de se dégrader car la plupart des produits des champs et de l’élevage sont destinés à la vente vers l’Angola pour faire face aux différents coûts que rencontrent les familles. La situation sanitaire souffre de nombreuses contraintes dues essentiellement au manque de médicaments et d’équipements et à l’absence de personnel de santé qualifié.

Au regard des enquêtes territoriales réalisées en février 2013, une situation nutritionnelle encore préoccupante est mise en évidence avec un taux de MAG à 14,5% dont 4,7% de MAS donc supérieur aux seuils humanitaires d’urgence de 11% définis par le PAH soit 14,5%. Les personnes affectées sont les enfants de 0 à 5 ans (les filles comme les garçons), les adolescents et les adultes en particulier les femmes allaitantes. Selon la stratégie provinciale de la 1ère allocation Pooled Fund 2013, on estime que plus de 15 100 filles et garçons de moins de cinq ans seront affectés dans les 12 prochains mois dont environ 4 900 cas sévères pour une population estimée à 413,235 habitants et une incidence de la malnutrition aiguë à 1.5.

Ainsi un premier projet financé par le Pooled Fund a été mis en oeuvre par MDA dans la ZS de Dilolo et Kasaji prenant en compte 20 aires de santé sur 42 et 2 hôpitaux généraux de référence (18 UNTA et 2 UNTI) soit une couverture de 51%. L’objectif général du projet est de contribuer à la réduction de la prévalence de la malnutrition aiguë globale à moins de 10% et la mortalité de l’enfant de moins de 5 ans à < 2/10 000/j à la fin du projet dans la Zone de santé de Dilolo et Kasaji. Spécifiquement, il s’agissait de : (i) Dépister et prendre en charge 2 700 cas de malnutrition aiguë sévère dans la zone de santé, soit 48% des enfants malnutris ; (ii) Promouvoir les actions de prévention de la malnutrition dans les aires ciblées ; (iii)Appuyer la supervision et la coordination des activités de nutrition dans 20 structures de la zone de santé.

La population bénéficiaire de ce projet regroupe 413 235 personnes, dont 2 700 enfants de moins de moins de 5 ans sévèrement malnutris et 11 000 ménages hébergeant des enfants malnutris. La population touchée par la prévention est de 33 011 personnes présente dans les zones de santé de Dilolo et Kasaji. Ce projet a été complété par un projet PAM durant la même période qui a couvert la prise en charge des enfants malnutris modérés.

Le présent projet a été mis en oeuvre grâce à la participation active de plusieurs partenaires qui, ensemble ont multiplié les efforts pour sa réussite notamment :
- Le Pooled Fund qui a mis à disposition les fonds nécessaires ayant permis la mise en oeuvre dudit projet.
- Le Ministère de la santé publique à travers les zones de santé par leur équipe cadre (ECZS) qui, malgré leurs multiples préoccupations n’ont pas hésité à apporter leur participation pour la réussite de ce projet. Les zones de santé ont mis à la disposition du partenaire d’exécution (MDA) un personnel compétant dont les infirmiers et nutritionnistes qui ont travaillé sans cesse pour la réussite de ce projet. Des supervisions conjointes ont été organisées et réalisées entre partenaires, le Bureau Central de la Zone Santé et Médecins d’Afrique.
- Le PRONANUT qui de par sa technicité a accompagné le projet depuis le début par la formation du personnel soignant et par les missions de supervisions. Par ailleurs l’enquête nutritionnelle a été réalisée avec le concours du PRONANUT NATIONAL et PROVINCIAL qui n’ont pas ménagé leur effort pour le succès de ce projet.
- L’apport des intrants par l’UNICEF nous a aidés à pallier certaines difficultés liées à l’approvisionnement et/ou à la rupture d’intrants au cours de la réalisation de notre projet.
- Médecins d’Afrique grâce à son expertise a assuré la coordination technique de ce projet mais aussi le suivi des activités à travers différentes supervisions.

Un total de 74 personnes dont 48 Hommes et 26 Femmes ont été formés sur le protocole en PCIMA (Prise en Charge de la Malnutrition) et l’ANJE (Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant). Ces 74 personnes étaient réparties comme suit : 64 prestataires de soins, 8 membres des ECZS et 2 agents. Le projet avait prévu de former 64 personnes mais nous avons tenu à impliquer l’ECZS, ce qui nous a amenés à dépasser légèrement notre cible. Nous avons aussi eu à former 260 relais en PCIMA et ANJE dont 172 Hommes et 88 Femmes parmi lesquels nous pouvons distinguer les leaders communautaires. Nous avions au total 13 relais par structure. Cette formation a porté sur le volet promotionnel. Pendant 4 jours (dont 2 jours de pratique) en s’appuyant sur la PCIMA et l’ANJE.

Au cours du projet, 41 421 enfants ont été dépistés dont 2 388 dépistages actifs. Le dépistage actif a été réalisé dans la communauté avec les relais communautaires qui après le dépistage précoce de cas les référencent vers les structures appropriées. Au total 24 630 cas dépistés ont été référés pour la contre vérification par les infirmiers des centres de santé et parmi eux 1539 cas ont été retenus et traités dans les structures de prise en charge.

La stratégie avancée par la clinique mobile nous a permis d’aller au devant des enfants qui sont à une grande distance des centres de prise en charge et nous a donc permis d’atteindre et dépasser notre cible (2 971 cas d’enfants pris en charge contre 2 700 prévus). En terme de dépistage passif nous avons eu au total 16 791 cas qui venus dans le service pour une autre pathologie ont subi un checking systématique de la malnutrition aiguë sévère (MAS). Sur ces 16 791 cas, 1 432 ont eu besoin d’une prise en charge. A la fin du projet 2 971 cas (1 712 filles et 1 259 garçons) admis dans les centres de santé ont été pris en charge.

La mise en place des activités de prévention de la malnutrition avec l’ANJE (Alimentation du nourrisson et du jeune enfant) dans la communauté pour le changement de comportement avec les groupes des soutiens et groupes d’actions provient d’une stratégie déjà expérimentée au cours de l’année 2013 par MDA. Un groupe de soutien, espace d’échange, est mis en place. Il permet aux ménages d’une même communauté de se rassembler périodiquement pour discuter de leurs problèmes à caractère social (Nutrition, Santé, Assainissement, Hygiène, Sécurité alimentaire, développement…) et trouver des solutions. C’est également une approche participative qui peut servir de plateforme pour la réalisation de l’ensemble des activités de communication visant une modification volontaire de pratiques; plus particulièrement, les groupes de soutiens sont utilisés actuellement pour la mise en oeuvre de l’Education Nutritionnelle intégrée à la prise en charge communautaire de la malnutrition aiguë, dans les zones bénéficiant d’un programme nutritionnel supporté par MDA. Les démonstrations culinaires sont des pratiques qui accompagnent la sensibilisation, car ces pratiques visent le changement des comportements culinaires avec les recettes enrichies vulgarisées pour enfin changer certaines habitudes alimentaires qui ne favorisent pas la bonne nutrition des enfants en particulier et de toute la communauté en général. Depuis le début de notre programme nous avons eu à suivre 2 995 enfants dans la communauté de 10 structures ciblées par Médecins d’Afrique dans la zone de santé de Kasaji, 2 575 sont encore dans le programme et 420 sont sortis du programme (enfants allaités exclusivement au lait maternel).

Ce projet a connu la grande implication et participation de la communauté ainsi que des autorités, ce qui est un point très positif car essentiel pour l’appropriation des activités et pérennisation des acquis. Il a permis d’organiser la communauté en groupement de soutien et d’introduire la notion de l’ANJE pour une meilleure alimentation de l’enfant.

Leçons tirées de l’expérience :
- Le plaidoyer et l’implication des autorités politico administratives au niveau le plus décentralisé accroît la mobilisation des communautés et l’acceptation des activités
- L’augmentation du taux de fréquentation des structures par la mobilisation et l’intégration communautaire de toutes les catégories des bénéficiaires
- L’accompagnement et le suivi des prestataires permettent l’amélioration de l’intégration et de la performance de la prise en charge de la malnutrition
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